Miss Sloane

by - avril 18, 2017


Elizabeth Sloane est une femme d’influence brillante et sans scrupules qui opère dans les coulisses de Washington. Face au plus grand défi de sa carrière, elle va redoubler de manigances et manipulations pour atteindre une victoire qui pourrait s’avérer éclatante. Mais les méthodes dont elle use pour parvenir à ses fins menacent à la fois sa carrière et ses proches. Miss Sloane pourrait bien avoir enfin trouvé un adversaire à sa taille.

Miss Sloane – 8 Mars 2017 – Réalisé par John Madden

Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d’Amérique est presque autant connu dans le monde que les enseignes McDonald, les Iphones d'Apple ou les tonnes de blockbusters qui déferlent sur nos écrans chaque année. Celui qui vulgairement autorise chaque Américain à posséder une arme à feu. Arguant qu'il s'agit d'un droit fondamental qui ne peut être remis en cause et profitant d'un flou dans sa définition, Il est défendu avec hargne par les conservateurs les plus acharnés, ainsi que par la toute puissante NRA (National Rifle Association).

Et les gouvernements qui ont essayer de lui donner quelques limites se sont casser les dents, dont Barack Obama lors de son second mandat; car au delà de l'opinion et des responsables politiques dur à convaincre, il y a le lobbying de l'industrie des armes qui est tout aussi puissant que particulièrement efficace. C'est de ce point de vue la, de celui de lobbyiste qui se bat pour faire passer une loi sur le contrôle des armes que John Madden articule son film, une femme impitoyable, la téméraire « Miss Sloane »

«Une milice bien organisée, étant nécessaire à la sécurité d'un État libre, le droit qu'a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé.»

Au royaume des lobbyistes, Madeline Elizabeth Sloane en est la reine et Washington son terrain de jeu favoris. Elle n'a peur de rien, ni de personne et elle n'hésite pas à être au limite de la légalité si cela peut lui permettre de gagner la bataille dans laquelle elle s'engage. Considérée comme une arriviste de première, elle étonne son employeur quand elle refuse de mener la campagne d'un lobby pro-armes qui cherche à s'opposer à l'adoption d'une loi qui prévoit d'étendre le contrôle des antécédents psychiatriques des acheteurs à toutes les ventes d'armes à feu. Elle est engagée par la partie adverse pour aider à faire passer cette loi. Et tel un défi personnel, elle mène une bataille contre le lobby des armes que personne d'autre n'a encore gagné …

Avec le recul, ce film m'a déçu! Alors certes « Miss Sloane » m'a diverti et cela malgré l'aspect bavard souvent pointé comme un défaut. De plus l'intrigue n'est pas inintéressante et se placer du coté d'une lobbyiste est assez judicieux; cependant il manque au film de John Madden de la crédibilité et un semblant, un tout petit semblant de personnalité ….

Le scénario du film est écrit par Jonathan Perera. Ce jeune scénariste signe ici son tout premier script, un script qui fut dans la fameuse liste noire des scénarios à Hollywood en 2015 et qui intéressa un temps monsieur Steven Spielberg. L'histoire se concentre sur la lobbyiste « Miss Sloane », une femme qui se consacre uniquement à sa carrière et qui se retrouve à devoir battre l'imbattable, tout en gérant ce que l'on imagine être un lourd passif et certaines addictions contraignantes. Bref rien de bien nouveau à se mettre sous la dent, mais voilà si d'un coté l'intrigue est bien écrite, elle en oublie malgré tout d’être crédible, a cause notamment de son personnage principal bien trop omnipotent pour être tangible. Elle réussit tout ce qu'elle entreprend, elle est plus maligne que quiconque, elle ne se fait jamais prendre à défaut et même ses erreurs n'en sont pas; donc comment ne pas rire quand au dénouement final, à ce tour de passe-passe grandeur nature digne d'un Ocean's Eleven que Frank Underwood n'a jamais réussi …

Et si j'ai nommé ce truculent personnage que Kevin Spacey interprète avec brio, c'est que le film semble plus être un immense « pilote » pour un spin-off de la série « House of Cards » qu'un film qui se suffit à lui même. Vous prenez le lieu de l'action (Washington), le lobbying, les jeux de pouvoirs, les trahisons, le ton ou encore le personnage principal qui est une variante féminine de Underwood et vous y êtes ! C'est tellement flagrant que je n'aurais même pas était choqué si j'avais vu passer Kevin Spacey tant les univers sont proches.

Quant à la réalisation, j'ai vu John Madden beaucoup plus dynamique dans « L'Affaire Rachel Singer » qu'ici ou tout manque de relief. Un peu long, voir laborieux dans sa résolution, seul les scènes de joutes verbales, parfois saignantes ou non, injectent de la vie dans ce long métrage au rythme irrégulier. Cela assure au film son lots de scènes fortes, comme le final ou le débat télévisé. D'un point de vue graphique c'est propre sans être vraiment original malgré le travail soigné de Sebastian Blenkov à la photographie et la direction artistique de Mark Steel.

Ce qui fait vraiment le sel de ce film et son intérêt, c'est le casting qu'a réunit John Madden autour de lui. On trouve des valeurs sures, avec Mark Strong, Michael Stuhlbarg, John Lithgow et Sam Waterston qui incarne avec talent leurs rôles, du patron avenant, au rival pugnace en passant par les anciens qui ne comprennent pas leurs erreurs, ils assurent du début à la fin. Mais ce sont les actrices qui tiennent le haut du pavé, avec Jessica Chastain comme porte étendard qui livre une performance de choix, bien qu'un peu limitée par le personnage qu'elle interprète, ensuite il y a Alison Pill dans le rôle de l'ex assistante de Miss Sloane, discrète mais tenace et efficace. Mais la ou j'ai étais surpris c'est avec Gugu Mbatha-Raw dans le rôle de Esme Manucharian qui s'avère être très forte, talentueuse et surtout touchante, un personnage avec une âme qui contrebalance un peu la froideur de Miss Sloane et qui est à mes yeux la vraie surprise de ce film … 

Oubliable !

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